« L’étang de Jean » à Mervans

Au numéro 10 de la Rue du Martret à Mervans, aucun panneau n’indique « L’Etang de Jean ». Une inscription en bois et métal, placée sur le pignon de l’un des bâtiments de la propriété, attire l’attention : « Sculptures ». Au portail, des lettres métalliques se succèdent pour former « Expo ». Mais il y a bien plus à découvrir ici… Avec son accent occitan, Jean Roucoule nous entraine avec lui pour une visite…

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« Je suis originaire d’un petit village rural du pays cathare, Couffoulens, riche de plus de 2 000 ans d’histoire. J’y suis très attaché mais après une carrière à Lyon où j’étais en charge des transports de la Poste dans les régions Bourgogne et Rhône-Alpes, nous avons décidé avec mon épouse, Nicole, de venir passer notre retraite dans la maison de ses parents, à Mervans, dont elle est originaire. Cela fait 21 ans que nous vivons ici. Lorsque nous avons fait ce choix, je savais que je voulais aménager un étang : j’ai un rapport très fusionnel avec l’eau lié à des souvenirs d’enfance. »

Et c’est ainsi qu’a commencé la création de l’Etang de Jean, qui mesure un journal (entre 3 500 et 4 000 m2), ancienne unité agraire correspondant à ce qu’un homme pouvait travailler par jour. Avec la terre extraite, Jean a modelé le terrain qu’il a agrémenté d’un jardin potager, d’un poulailler, d’un bosquet, d’un jardin japonais, d’un verger et de nombreux bancs en pierre, incitant à s’asseoir pour profiter du calme et de la sérénité du lieu. A moins que vous ne préfériez pêcher perches, carpes, tanches, blackbass ou friture ? Colverts et oies ont fait de l’étang leur terrain de jeu et peuvent nicher tranquillement sur l’île alors que les moutons entretiennent les abords. Ayant conservé les 300 mètres de haies limitant son terrain, Jean laisse également une desserte enherbée pour permettre à l’agriculteur cultivant à proximité de pouvoir passer : « Il me fournit des piquets d’acacia et le foin pour les animaux. » Le bon sens paysan.

« J’ai arboré ce lieu puis j’ai essayé de l’animer à ma façon en intégrant des créations personnelles en pierre, métal et à partir de matériaux récupérés. Là c’est la « Porte du Vent », ici un oratoire en référence à ceux que l’on trouvait dans mon pays, là-bas la « Triade de l’à peu près ». » Il y a aussi l’Astrolabe, un cairn, des objets anciens, un lavoir papillon, la « Triade du mariage », une fontaine ou encore un chadouf, un système ancestral pour tirer l’eau de l’étang.

A écouter Jean, tout semble simple et naturel, comme s’il avait aménagé et créé toute sa vie : « Pas du tout : c’était mon projet pour ici. J’avais en tête ce que je voulais faire pour occuper mon temps de détente. » Pour un autodidacte, le pari est réussi et la visite ne s’arrête pas là : « Je vais t’emmener dans l’atelier. »

Une forge, des morceaux de métaux suspendus, des phrases comme des mantras accrochées aux murs

Voici l’antre de l’artiste où il crée ses sculptures associant métal, bois et pierre. « J’en ai réalisé près de 400 alors j’ai agrandi la maison pour installer un espace d’exposition mais il devient un peu étroit… » Dans ce musée personnel, chaque œuvre possède son histoire, comme tous les objets et outils anciens que Jean conserve dans la cave : miroir aux alouettes, moine, bigorne…

« Pour terminer, je vais te montrer ce que je vois tous les matins. » Derrière la maison, une ancre, créée par le maître des lieux, bien évidemment : « Elle n’a pas de chaîne : c’est pour dire que j’ai jeté l’ancre. » Vous l’aurez compris, Jean Roucoule est à la fois, artiste, philanthrope, philosophe et possède un grand sens de l’humour : « Je crois que je suis plus manuel qu’intellectuel… Je suis un intellectuel des broussailles… 

La discussion à peine terminée autour d’un café et une voiture se gare : une famille de touristes a prévenu de son arrivée. « Bienvenue » lance Jean avec ce sourire et cet entrain qui ne le quittent jamais. Et la visite reprend…

Visite gratuite toute l’année sur rdv :
03 85 76 97 52

Rédactrice : Adeline Guillemaut